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Marc Filipson – Innover en tenant une même ligne pendant 30 ans [PODCAST]

Marc Filipson - Innover en tenant une même ligne pendant 30 ans

[PODCAST] On a rencontré une figure incontournable du monde culturel bruxellois: découvrez Marc Filipson

“Le changement c’est la continuité” tel est le crédo de Marc Filipson, fondateur et patron de la célèbre librairie bruxelloise Filigranes. À l’occasion des 30 ans de son établissement, il est le nouvel invité d’un épisode un peu à contre-courant de ce qu’on a l’habitude de faire : ici pas de reconversion, de changements radicaux où de réorientation : une seule et même ligne de conduite depuis trois décennies pour un homme qui se dit être “un commerçant avant d’être libraire”. Une recette payante puisque la maison affiche un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros en 2016. Rencontre avec le cygne noir de l’édition !

Hosts : Tarik Hennen et Elisa Brevet

Réalisation : Elisa Brevet

Ecoutez l’épisode 21 du Podcast Next Step avec Marc Filipson, fondateur de la librairie Filigranes

Marc Filipson - Innover en tenant une même ligne pendant 30 ans [PODCAST] 1
Marc Filipson

Elisa Brevet : Bienvenue à tous! Vous écoutez Next Step le podcast des entrepreneurs inspirants qui vous aident à passer à l’étape suivante. À chaque épisode, on vous propose de partir à la rencontre de personnes passionnées, d’écouter leurs parcours et de vous en inspirer. Pour vous accompagner et vous guider dans cette aventure, nous serons deux. Je m’appelle Elisa et je suis avec Tarik.

Tarik Hennen : Bonjour Elisa, bonjour tout le monde.

Elisa : Alors, comme vous le savez, nous sommes dans le studio de la Chambre de commerce de Bruxelles qui représente les intérêts des entreprises bruxelloises. BECI aide et accompagne ses membres dans le développement de leurs activités. Et bien sûr, on remercie Beci de rendre ce podcast possible.

Elisa : Pour cette épisode, nous sommes ravis d’accueillir Marc Filipson. Bonjour, Marc.

Marc Filipson : Bonjour.

Elisa : Bienvenue dans Next Step. On est ravi de te recevoir. Tu es bien connu des Bruxellois puisque tu es le patron de la librairie Filigranes et tu viens juste de fêter les 30 ans de la maison. Plus grande librairie de plain pied au monde. 3.000 mètres carrés, plus de 250 rencontres avec des auteurs par an. C’est un véritable succès. Dans Next Step, on a l’habitude d’inviter des entrepreneurs qui ont un parcours atypique, non linéaire, avec des reconversions.

Elisa : Des Next Step, comme on dit. Et t’inviter aujourd’hui, c’est un peu prendre le contrepied indirectement du concept puisque depuis 30 ans, tu te consacres à ta librairie. Et depuis quelques années, tu édites le Filiber, le magazine mensuel de Filigranes. Et ce mois ci, le titre a attiré mon attention “Le changement, c’est la continuité”. Et dans l’édito, tu écris : “le changement, c’est la continuité. Ce n’est pas pour rien quand on sait tout ce qu’il a fallu contourner ou abattre, affronter, construire et reconstruire depuis le début de l’aventure. Voici 40 ans, rue de l’Industrie, l’Odyssée fut semée d’embûches et le nombre de portes enfoncées non négligeables. Les murs et les couloirs résonnent encore de mes cris et rugissements. Action, réaction”.

Elisa : Est ce qu’on peut revenir ensemble aux prémices de l’histoire ? Finalement, ta Next Step, tu l’as fait au tout début de ta carrière puisque tu as commencé comme jeune enseignant?

Marc : Exactement. Donc, merci d’avoir précisé les 40 ans puisqu’on a fêté les 30 ans. Mais j’ai commencé voilà près de 40 ans, rue de l’Industrie, où j’ai eu la chance de travailler en tant qu’étudiant dans un petit magasin de presse qui faisait 20 mètres carrés et avec un contrat assez exceptionnel où n’importe qui pouvait accéder à la profession puisque je payais un loyer faramineux, mais qui était couvert par le chiffre d’affaires. J’ai commencé là bas en tant qu’étudiant. J’ai fait des études à l’ICHEC. Ce sont de très beaux souvenirs. Le Café du métro se souvient de moi. Pendant deux ans, j’ai tapé la carte dans ce café du métro. Et puis après, j’ai fait des études d’enseignant. En effet, j’ai enseigné pendant trois mois et j’étais habitué à gagner ma vie très jeune, à profiter de la vie. Il fallait que je rentre des sous. Donc, j’ai trouvé un boulot d’étudiant. Ce boulot d’étudiant, c’était travailler à la Providence, petit magasin de presse et pour son malheur, le gérant a eu un AVC. Son épouse a demandé que je remplace et après quelques mois, il est décédé et elle m’a demandé de lui succéder. Alors, c’était assez simple puisqu’il y avait très, très peu de stock. Et que je pensais, parce que c’est quand même important il y a quarante ans, les publicités qui étaient un peu partout dans Bruxelles parlaient et mettaient les banques en avant qui aidait les jeunes “Venez nous trouver. Nous serons là pour vous aider à lancer votre affaire”. C’est du bullshit. Ça a toujours été du bullshit. La veille de la signature du contrat, j’ai dû me débrouiller pour trouver. Ce n’était pas beaucoup à l’époque, mais il fallait quand même trouver 300 mille francs belges, 7.500 euros. Et donc, je me suis installé dans ce petit magasin où il n’y avait pas de livres. Il n’y avait que de la presse. Et très vite, très vite, très vite, j’ai développé.

J’ai dessiné des nouveaux meubles en trois profondeurs puisque sur 20 mètres carrés, il fallait trouver une solution. J’ai posé. C’était une petite librairie à l’ancienne puisque je savais quel était le bouquin en dessous de 20 autres, qui était celui j’allais conseiller au trouver pour un client. Alors c’est assez merveilleux puisque dans cette rue de l’Industrie que beaucoup de gens connaissent, c’est entre la rue de la Loi et la rue Belliard, un quartier de bureaux aujourd’hui. C’était le quartier de la Noblesse l y a de longues années. Et énormément d’immeubles ont été donnés aux pères rédemptoristes qui habitaient le quartier et avec qui j’avais des petits accords.

Elisa : Des petits accords de magazines, c’est ça?

Marc : De magazines. Voilà, là, c’est anecdotique, mais j’ai pu un jour m’installer dans la maison voisine. Je n’avais pas les moyens de percer. Donc, j’ai pu agrandir mon magasin en proposant au passage de chaque client les clés du magasin. Je le rouvrais, je dis voilà, tu/vous, on était très camarade à l’époque. Vous revenez avec vos choix. Et puis on s’arrange. Pas de souci. C’était vraiment travailler de cette façon là. En deux ans, avec des idées, puisque j’ai été le premier à faire des pages planes dans ce qu’on appelait à l’époque le magazine “Le pourquoi pas?” Qui est devenu “Le vif, pourquoi pas?” “Le Vif L’Express”, etc. Pendant près de deux ans, j’ai fait des pages de pub alors que j’avais absolument pas les moyens. Trouver l’argent pour le faire ou les échanges pour le faire. Où je mettais en avant des promotions. J’ai été le premier dans le domaine du livre à faire des promotions. J’ai été copié par après. Ils me l’ont dit par Klopp qui continue, ce qui n’est pas une nécessité. Je crois qu’une fois qu’on est connu, il faut arrêter de perdre de l’argent en faisant des promotions. Et tout en étant dans ce quartier perdu. Parce que la rue de l’Industrie, à deux rues plus bas que l’actuelle avenue des Arts où je suis, j’ai quand même réussi à fidéliser une clientèle.

Elisa : Alors, comment tu as réussi à fidéliser sa clientèle?

Marc : Ah ben oui, c’est bien de me le rappeler. Dès le premier jour, j’ai installé une machine à café. Et Geoffray, un de mes clients du café avec la petite histoire. En effet, toujours la même, qu’à chaque fois que je faisais un café pendant une minute, tout s’arrêtait puisque c’était les machines à l’ancienne qui moulaient le café. Un bruit insupportable, mais ça créé une ambiance. Et puis, en fin de journée, j’offrais le porto qui était mis en bouteille.

Elisa : Et c’était rentable ça?

Marc : Pas du tout. C’était cadeau, c’était cadeau. Mais même dans ce petit magasin, alors que j’étais peu connu, on a eu des soirées exceptionnelles où, normalement, je fermais cette heure. Puisque c’était un quartier de bureau. Il arrivait de se fermer à 10 11 minuit. Et on terminait la soirée à deux, à trois avec des plateaux de fromages. C’était très sympathique. Petit magasin. En 88, j’étais expropriée. Je me suis baladé dans le quartier et un local était libre, avenue des Arts.

Marc : Et John, à l’époque, m’a fait, je vais pas dire, un pont d’or mais m’a offert un an de loyer pour m’installer dans ce lieu. Ce que j’ai fait. Que j’ai transformé avec autour de moi moultes sociétés de location et autres qui pariaient sur mon avenir. Six mois, un an et demi, je suis passé au travers. Vous le savez, on ne refait pas l’histoire. Et ce magasin a en fait fonctionné parce que j’ai travaillé tout à fait différemment des autres.

Elisa : Alors, c’est à dire?

Marc : Mais je me suis inspiré. Et ça j’aime bien me raconter de mon oncle qui était marchand de chaussures et qui avait un magasin avec ses vitrines, comme on en trouve de moins en moins en profondeur. Donc, la porte est ouverte après 10 mètres. On voit, on regarde à gauche, à droite. Et puis un moment, on est dans le magasin. On est très gêné d’en sortir. J’ai toujours travaillé porte ouverte par 30° et par moins 10 degrés et j’ai accepté.

Marc : Je n’ai jamais été élitiste. J’ai lu depuis mon plus jeune âge un peu de tout. Et la seule collection. C’est vrai que je le raconte plus parce que c’était à l’époque que je n’avais pas en magasin était la collection de Barbara Cartland. Pour la simple et bonne raison qu’il y avait déjà des centaines de titres et que ça prenait trop de linéaire. Mais quand on me demandé un Barbara Cartland, je rebondissaient toujours en disant je viens de vendre le dernier, mais j’ai autre chose à vous proposer.

Marc : Il y a une façon de vendre aussi. Il n’y a pas. Il n’y a pas que la connaissance. Quand, quand on vend quoi que ce soit, il faut aimer ce qu’on fait. Il faut être passionné, mais il faut aimer vendre aussi.

Elisa : Alors, il faut aimer vendre. Alors, c’est un peu une vocation, je pense. Chez toi, c’est quoi les techniques de Marc Filipson pour vendre?

Marc : C’est le plaisir de partager, le plaisir d’accueillir. C’est la convivialité. Encore aujourd’hui, alors qu’on considère que je suis un grand entrepreneur, si tu viens le week end chez moi, il m’arrive d’être à quatre pattes à jouer avec un gosse. C’est ma nature. Aujourd’hui, je suis un grand père heureux, mais je ne les vois pas assez. Ils sont à Londres. Donc quand des familles passent avec des enfants, je partage. Je partage mon temps avec eux. Je les accueille, je prends des nouvelles et c’est ce que j’essaye de faire passer à mon équipe.

Marc : Ils sont près de 80 maintenant, avec une centaine d’étudiants qui tournent autour d’eux. De parler au quotidien, d’accueillir les gens.

Elisa :D’être présent?

Marc :De partager, de partager toujours son plaisir, sa lecture puisqu’on est dans une librairie, de partager son quotidien.

Elisa :Alors, en 1993, un incendie?

Marc : En 92.

Elisa : En 92, pardon.

Marc : Un incendie qui j’en parlais. Hier, je recevais un auteur. On parlait de Salman Rushdie et autour de ce qui s’est passé de Salman Rushdie. C’était exactement au moment où Les Versets sataniques de Salman Rushdie sont sortis et les libraires bruxellois avaient proposé à leurs libraires. Vous êtes d’accord ou pas, puisqu’il y avait des menaces, de réelles menaces. Et mes libraries, ainsi que ce tropisme, avait accepté. J’ai fait toute une vitrine avec les livres de Salman Rushdie et et dans la nuit qui a suivi, qui a suivi cette vitrine.

J’ai été appelé vers 2-3 heures du matin. Mon magasin était en feu. Donc je n’y croyais absolument pas. Je croyais à une blague. Je me suis rendu sur les lieux. La rue était fermée. Un frigo était au milieu de la rue. Il était tout noir, il avait brûlé. La cause de cet incendie très simple, c’était le dysfonctionnement d’un frigo tout neuf qui était ma principale source de revenus parce quand on a un petit magasin. On cherche les meilleurs revenus et vendre des canettes de coca ou autres boissons, rapportait beaucoup plus que vendre du livre. Et heureusement pour moi, ce frigo était juste en dessous de l’alarme. Donc l’alarme a déclenchée juste en face de l’ambassade des États-Unis. Je suis arrivé et j’étais heureux, mais heureux comme tout. Parce que mon magasin était juste un tout petit peu sale, mais n’avait pas brûlé. Les pompiers qui m’ont dit “Écoutez, je pense que vous allez revenir demain et constater peut être les dégâts.” De fait, je suis rentré chez moi, je me suis douché. Et je suis arrivé. Déjà, une chose, c’est que la plupart de mes présentoirs étaient en carton. Donc, ils étaient tout affaissés. C’était un tapis de livre. Assez triste. Un naufrage. Et puis, mon courtier est arrivé à ouvrir. A Ouvert l’armoire Pléïade, qui était le plus bel exemple à donner, a sorti une pléiade de l’armoire. A sorti la pléiade de son écrin. À passer son doigt. Il y avait de la suie partout. C’était un sinistre total.

J’ai réagi directement parce que c’est vrai que cette histoire est merveilleuse et qu’elle me revient. Merci de me rappeler. Je me suis installée dans les communs. C’était un immeuble. L’immeuble du 38, avenue des Arts. J’ai déménagé à l’époque. J’avais le loto. Je vendais des cigarettes. Il y avait les revues et les livres. Et je me suis installé dès l’ouverture, ou avec une heure de retard, dans le couloir des communs, en proposant des journaux du jour, des paniers avec des cigarettes, la machine à Lotto. Et on peut dire ce qu’on veut. Je l’ai fait par réaction parce que j’étais dépité. Je voulais pas.

Elisa : C’était très instinctif.

Marc : C’était instinctif. Mais à l’époque, ça m’a fait la plus belle pub qu’on pouvait imaginer parce qu’il y avait un bouche à oreille exceptionnel. Et après quelques jours, alors qu’on m’a dit qu’il fallait des semaines et des semaines pour attendre, j’avais en devanture un container auquel on a bouté le feu trois fois.

Marc : Les gens sont très cons et j’ai continué l’aventure sur le trottoir, le temps qu’on rénove, qu’on nettoie et qu’on relance l’aventure.

Elisa : Alors, c’est parfait. Parce que justement, ce rebondissement, cette capacité à rebondir, je vais en parler dans ma prochaine question. Dans ton magazine. Il est écrit que tu es un homme d’idées, que tu n’hésites pas à mettre les petits plats dans les grands. Est ce que cette folie des grandeurs? Parce que je sais que parfois, t’amènes des auteurs dans les plus grands restaurants de Bruxelles. Fin tu ne lésines pas. Est-ce que ça t’a jouté des tours, des fois, cette générosité là?

Marc : Le seul retour négatif que j’ai pu avoir, c’est la jalousie. C’est la jalousie des autres. La méchanceté, pour le reste. Non, non, ça a toujours été un plaisir. Mais ce n’est pas que donner beaucoup pour les auteurs ou pour mon personnel, c’est donner aux autres. Je baigne là dedans depuis que je suis gosse. Cette parenthèse..

Elisa : Oui, on va en parler.

Marc : Oui avec les Pilifs qui est l’anagramme de Philippe Filipson. J’ai baigné avec un frère handicapé, avec les différents Pilifs dans tout ce qui est aider les autres, le caritatif et autres.

Et très tôt, une fois que mon magasin a commencé à fonctionner, j’ai cherché la façon de pouvoir aider les autres. J’ai lancé ces soirées caritatives qui m’ont de nouveau mis pas mal de personnes à dos parce que les gens étaient persuadés que je faisais ça par intérêt. Et c’était pour le plaisir toujours de partager. Et à l’époque, j’étais tellement fou que je reversais.Le principe des caritatives c’est être ouvert entre 20 heures et 23 heures et reverser une partie des bénéfices à l’œuvre invitée.

Si ce n’est que les premières années, j’ai reversé tous les bénéfices, ce qui est de la folie puisqu’il fallait payer le personnel. Il faut savoir une chose, c’est que ces soirées caritatives qui en sont à la quinzième année ne sont absolument pas déductibles. L’État refuse toujours et encore que ça passe en dons quoi que ce soit. Donc, je paye des impôts et des taxes sur les cadeaux que je fais à toutes ces oeuvres, mais ça, pour moi, c’est une nécessité.

Je voudrais que plus de mes collègues fassent. Certains membres. Je fais partie du BEL. Le Brussels Exclusive Label. Certains membres le font peut être une ou deux fois par an. Chez Ralph Lauren, par exemple, fait une vente une fois par an, reverse 10%. Peut être qu’ils pourraient reverser la moitié de leurs recettes à leurs invités. Il faut apprendre à donner, il faut apprendre à partager.

Elisa : C’est ça peut-être la leçon de réussite qu’on peut tirer?

Marc : La réussite, c’est que je me sens bien, que je suis heureux et c’est la plus belle des réussites. J’espère le faire passer ma famille, à mes amis, à mes proches. Pour moi, c’est la plus belle des réussites. Faire ce qu’on veut faire avec ce qu’on a créé.

Elisa : Et alors dans ce magasine, parce qu’il est quand même assez grand. Donc, je l’ai un peu fouillé. Il y a un moment où on parle d’Award, de récompenses et j’aimerais revenir à cette catégorie qui m’a fait un peu rire. “Quelle méthode? C’est honteux. Il va tuer le métier” (rires). Et donc tu ouvres sept jours sur sept. Donc là, déjà, tu es complètement révolutionnaire en faisant ça. Le concept du retour accepté dans les quinze jours, ça je ne savais même pas que ça existait.

Marc : Non non, en fait, c’était déjà Rue de l’Industrie. Mon plaisir de partager. Je disais pas content, remboursé. Vas y prends le prends le. Et après dix 12 ans, un jour, Pivot a reçu. Mais je ne pourrais même plus dire qui a lancé, a dit “Si vous n’aimez pas, renvoyez le moi, je vous rembourse”. Et mes clients ont réagi en disant maintenant, ça fait des années que Marc le fait. En 30 ans, peut être que …

Elisa : Personne?

Marc : 10 clients ont essayé et on dit tiens, rembourse-nous.

Marc : J’ai toujours échangé. Et la même chose. A partir du moment où mes libraires passionnés proposent un livre et que le client joue le jeu, ils peuvent le rapporter et peuvent l’emmener. On peut l’échanger, mais le rembourser, c’est tellement tellement rare. Je crois que c’est jamais arrivé de rembourser quelqu’un. Voilà, on va peut être faire un bon d’achat ou quelque chose d’autre. Mais c’est grâce à ça que j’ai des histoires de livres que j’ai vendu à 6.000 exemplaires sur un mois ou 3 000 exemplaires sur trois semaines.

Marc : Pas pour faire du chiffre. Maintenant c’est important, ça m’a ouvert les portes des éditeurs et des grossistes. Mais par bonheur de partager. Ou un roman épistolaire ou une histoire qui m’a marqué. Maintenant, j’ai reçu hier Santiago Amigorena pour évoquer Le Ghetto Intérieur qui est le livre qui aurait dû recevoir tous les prix. Je croise les doigts. On est aujourd’hui le 14 novembre, vers midi midi quart, sera décerné le Goncourt des lycéens. Wow, j’ai e fais la danse du soleil.

Je fais tout pour qu’il ait ce prix. Il le mérite. Mais pourquoi je dis qu’il le mérite? Parce que c’est un prix prescripteur et que s’il a ce prix, tellement de gens vont le lire. Et on est là dans une période où le devoir de mémoire est important, où la lecture est importante. Ce livre va amener tellement de gens de nouveau à la lecture parce qu’il est pas assez. 200 pages. C’est pas trop dur à lire, pas trop difficile à lire, mais va surtout ouvrir les portes d’autres lectures.

Elisa : Aux éditions P.O.L. c’est ça?

Elisa : C’est exact. Alors pour terminer. Le fameux concept restaurant CRIO livre piano. On peut en parler.

Marc : Oui, c’est la première fois que je l’ai fait. C’était avec David Foenkinos. On me reproche très souvent quand je dis que j’adore le produit que je vends. Le livre, vont dire mes collègues ,n’est pas un produit, c’est mon gagne pain, donc c’est mon produit. C’est ce que je vends, ce que je partage. Et j’ai le bonheur également d’insister sur le fait que quand un auteur vient, il vient par plaisir pour partager son niveau. Parler de ce qu’il a fait, de son parcours, mais également parce qu’ils..

Tous les jours, les auteurs sont derrière leur ordinateur ou appellent leurs éditeurs pour savoir combien de livres ils ont vendus. Ils veulent vendre. Il ne faut pas croire qu’ils le font uniquement par plaisir. Il n’y a aucun auteur qui, il y en a peut être aujourd’hui, qui écrivent vraiment par plaisir, mais c’est leur gagne pain, c’est leur métier. Et David Foenkinos est un des premiers. Il y en a d’autres. Dans les plus amusant, il y a celui qu’y a cette émission télé. Maintenant, ce médecin, je ne sais plus comment il s’appelle. Sur Antenne 2 ou TF1.

Elisa : Vous voyez le magazine, pas le magazine de la santé, mais..

Marc : Et il a une émission où il anime.. Saldmann. Non,

Elisa : non, pas Frédéric Saldmann,

Marc : Il y a Frederic Saldmann qui est comme lui. Et puis y a un autre. Toujours est il que lui, ce docteur, quand il est venu vendre son livre, était debout sur une table dans mon magasin, pour dire acheté acheté acheté. Alors ce qui s’est passé avec David Foenkinos. C’est le premier avec qui je l’ai fait. Je l’ai fait avec d’autres. Après sa rencontre. On a été au restaurant. Je le connaissais depuis quelques années.

J’ai dit, est ce que tu veux que je prenne quelques livres avec moi? Pourquoi? Tu vas voir? Je vais prendre quelques livres? On va peut être essayer. J’avais un sac de 40 livres.

Elisa
(Rires)

Marc : C’était l’époque, la belle époque du Clash, place Brugmann, et j’avais demandé avant Didier si je pouvais faire ce que je voulais faire. Bah oui, c’est un des plus grands animateurs de la ville, un fou. C’est pour ça que son restaurant, je crois, a fonctionné.

Et donc, au dessert, je me suis mis debout sur une chaise et j’ai dit. Les amis, je suis avec David Foenkinos. Vous le connaissez tous. Il a écrit Charlotte. Il a écrit un autre livre, je crois que c’était Monsieur Pic, à ce moment là. C’était peut être pour Charlotte. Si vous voulez rencontrer, venez, les 40 bouquins n’ont pas été suffisants. J’aurais pu en avoir plus. On a organisé une séance de rencontres et de dédicaces dans un lieu où, ma foi, ça ne se prêtait pas.

Marc : Très bien. Et bien..Merci pour ce partage.

Tu parlais du piano. J’ai eu depuis l’agrandissement en 2000, j’avais un Fadili, la Rolls des pianos, et nous avons organisé des concerts Quatuor,Trio, tous les week end. Ça fait à peu près deux ans que je n’impose plus. Je dis bien, je n’impose plus le piano à mes clients parce que c’est vrai que quasi toute la journée du samedi ou du dimanche. Le piano, c’est un peu long, d’autant plus qu’on m’appelle également monsieur micro et qu’il est très difficile pour moi d’attendre la fin d’un morceau pour pouvoir faire une annonce.

Elisa : Maintenant, je vais passer la parole à Tarik, qui nous écoute depuis tout à l’heure et qui je pense à plusieurs questions pour toi.

Tarik : Merci beaucoup. Bienvenue. Enchanté de faire ta connaissance.

Tarik : Merci.

Marc : Quand je te vois. J’ai l’impression que tu es le cygne noir du secteur de l’édition. De la librairie. Donc quand tu as sans doute vendu pas moins d’exemplaires de Black Swan.

J’ai rencontré l’auteur, c’est assez. Lui s’est présenté à nous. Il est venu il y a quelques mois. C’est un type exceptionnel.

Tarik : Nassim Nicholas Taleb

Marc : Incroyable. Il a une ouverture d’esprit. Il connaît tout et toutes les religions, toutes les cultures. C’est bien d’en parler.

Tarik : Il est assez fantastique parce que c’est un trader donc qui fait beaucoup d’argent et qui dit tous les quatre ans, je fais une pause pour rattraper mon retard. Il est Philosophe est trader. Et il dit tous les quatre ans, je crois que je fais une pause pendant un moment un an et je rattrape mon retard en philosophie. Et je ne lis pas la presse ou je ne regarde pas les news parce que ça n’a aucun intérêt. Je lis des livres parce que dans les livres, on trouve la réflexion du monde.

En fait, les news, c’est de la merde, c’est une perte de temps et en ne lisant pas le journal. Je gagne une demi heure par jour et je sais lire 50 livres de plus par an.

Marc : Il est pourtant au courant de tout.

Tarik : C’est ce qu’il dit. 80% de ce qui est dans les news n’a pas beaucoup d’intérêt. Un livre peut s’aider à se tenir au courant. Et donc tu es le Black Swan. Finalement, le cygne noir, puisque j’ai un petit peu travaillé comme avocat dans la thématique de prix unique du livre. Ces choses là. Bon ben, on est dans un secteur, c’est le drame, c’est la culture, ça marche plus. Le digital. Plus personne ne veut acheter. Une librairie ferme tous les jours face à un secteur un peu en souffrance.

Tarik : J’ai l’impression que tout le monde se tourne vers le gouvernement. Il faut changer les choses.

Marc : Je vais d’abord expliquer une chose si je peux me permettre. Je crois qu’il est très important d’insister sur le fait qu’on a un des métiers et des commerces les plus agréables et les plus simples à gérer.

Marc : Le livre..

Tarik : Tu vas énerver les gens là..

Marc : Non, pas du tout. Le livre, en soi, l’oeuvre, le produit, le livre est un objet merveilleux qu’on partage. Mais le commerçant que je suis a cette facilité, comme tous mes collègues. Nous avons une faculté de retour. Si nous gérons bien notre affaire, on passe toujours à travers quelques crises que ce soit. On vend 100 exemplaires d’un livre, on se plante, on en vend 2, on en renvoir 98.

Tarik : Oui oui, tout à fait.

Marc : C’est un détail mais qui a son importance.

Tarik : Mais le point, c’est vraiment dire tu es le cygne noir. Donc, dans le sens ou dans un secteur en crise – ce n’est pas le seul – le but n’est pas encore de parler du livre, mais c’est dire il y en a qui se tournent vers le gouvernement. Toi tu’es tourné vers le client, et vers le marché, vers la réalité. Et ça a marché. Fondamentalement, ça fait beaucoup. D’ailleurs, quand on voit ce parcours, je me disais mais finalement, c’est admirable.

Tarik : Superbe librairie, un parcours qui force le respect. Je me dis que finalement, c’est un peu le style Bezoz de la librairie physique. Jeff Bezos Amazon s’est développé. Il n’était pas prof aussi à la base. Jack, moi aussi était prof, je crois. Et puis, ils ont fait un énorme assortiment de livres. Tu as toujours grandi, agrandi la quantité de livres que les gens cherchent. Est ce que c’est pas ça aussi la clé du succès? C’est d’avoir finalement suivi la tendance.

Marc : Oui et non. Mais il faut de nouveau comparer ce qui est comparable. À chaque fois qu’on provoque avec Amazon. Amazon, aujourd’hui, ..

Tarik : Toutes choses égales.

Marc : Amazon ne gagne pas d’argent. Moi, je gagne de l’argent, mais il faut comparer ce qui est comparable. Amazon ne gagne pas d’argent. Et ils ont choisi le produit le plus simple à développer au départ le livre. Ils ont acquis 10% de parts de marché. Mais ils ne connaissent rien à ce qu’ils vendent.

Marc : J’insiste à chaque fois. Amazon ce sont des algorithmes, ce sont des comparaisons. Les libraires, je parle pour tous les libraires, sont des passionnés, partagent leur passion. Moi, au contraire de tous mes collègues, j’ai toujours aimé ce que je faisais et je ne veux pas de nouveau me mettre à dos certains de mes collègues. Mais quand je dis j’ai toujours aimé et que tu parles de stock et de quantité, aujourd’hui, ça fait 38 ans que j’ai commencé. Si le livre n’est pas épuisé, il est encore en rayon. Sur 38 ans de coups de coeur, tous mes coups de coeur sont en rayon. Mais pas que les miens. Les coups de coeur de mes libraires et les livres qui ont marqué l’histoire. Nous avons des systèmes de gestion qui disent attention, ce livre tu ne l’as plus vendu depuis deux ans. Tu devrais leur renvoyer, tu devrais ne plus en recommander. Ben non, il est toujours là. Ça, c’est une autre façon de travailler aussi. Voilà un risque.

Tarik : Mais au delà de la connaissance du métier, on a vu ça. C’est là le concept de longue traîne de Chris Anderson. Bon bah, il y a de la demande pour tout. Sur Amazon, il y a plein de bestsellers. Parce que si le livre du jardinage des tomates bleues, ben, il va y avoir une catégorie sur Amazon. Il y aura un best seller dans la catégorie Livres de jardinage de Tomates bleue. C’est un petit peu cette tendance de créer une niche pour tout.

Marc : OK. Cette niche, on peut la trouver chez Filigranes aussi. On a tout. On a tout et on a cette facilité qu’on livre plus rapidement qu’Amazon. Qu’on peut…Et ça, tous les libraires peuvent le faire. Combien de libraires je me suis mis à dos dans différentes émissions où il y avait des tables de libraires. Les libraries disent toujours, oui, mais toi, toi, t’es grand et ça veut dire que tu commandes tous les jours.

Il faut savoir qu’on commande un livre, 10 livres, les frais de port sont les mêmes. Donc tous les libraires peuvent commander tous les jours. C’est juste être réactif. Répondre à une demande. Répondre à un organisme qui dit “Marc, demain on a une conférence. On a oublié de commander les bouquins.” Et ben on prend les frais de port à notre charge, on partage, mais de répondre à la demande à chaque fois. Au lien de dire tant pis, à chacun sa merde. On partage la merde l’autre et on passe à travers.

Tarik : Oui, tu parlais du livre qui est un bel objet fantastique. Et tout ce qu’il y a à côté. Ce que je veux dire. On veut bien croire que tous les libraires aiment les livres. J’espère que c’est le minimum et qu’ils savent en parler, qu’ils les lisent un peu. Mais finalement, on sait aussi que tu es commerçant et libraire. Tout ce qu’il y a autour du livre et dans la relation qui permet d’exister.

Marc : Ce qu’Elisa n’a pas précisé c’est qu’en fait filigrane est un concept store. Un réel concept store. Dès le moment où, en 2000, le 11 novembre 2000, j’ai pu m’installer dans l’espace de 1000 mètres carrés, j’ai pu vraiment développer encore plus mon idée de concept store, c’est à dire la volonté d’abord de pouvoir payer mon loyer, mon personnel. De vivre. Puisqu’à l’époque, je n’avais qu’une grande fille.

Marc : Mais le plus important quand on a un commerce, quand même, c’est de vivre, de profiter de ce qu’on fait et de faire vivre sa famille. Voilà, le livre ne rapportait pas assez à l’époque et donc encore aujourd’hui, le gadget. Pas le food hein, mais le gadget, le non-food, on fait des coefficients énormes. On se plante plus facilement que dans le livre. Puisque c’est des one shot, mais il faut se diversifier, il faut, il faut, il faut trouver et développer là où il y a encore moyen de développer.

Tarik : Et tu sais, ici on est dans une chambre de commerce où on voit tous les jours des gens qui créent de nouvelles entreprises. Et le rapport à la passion est compliqué. Ce qu’on dit, c’est dur de vivre de sa passion. On peut vivre avec..

Marc : Mais il y a pas le choix.

Tarik : Il y a des gens qui pensent qu’une passion toute seule peut permettre de vivre. Ca c’est..

Marc : On est d’accord. Mais développer quelques idées que ce soit, quelque produit que ce soit, sans passion, c’est impossible. Sans..

Tarik : C’est nécessaire.

Marc : Il ne faut pas se laisser aller à la recherche du gain et des réserves pour les 10 ans 20 ans. Je ne cite pas de noms, mais j’en parlais encore avec des amis entrepreneurs pour qui la chose la plus importante. J’ai aujourd’hui 60 ans et ils ont tous entre 58 62 ans. Oui, mais attends, maintenant, faut que j’ai des réserves. Les réserves, pour les faire, il faut continuer à venir avec de nouvelles idées et ne pas s’endormir sur ce qu’on a créé.

Tarik : Il faut les réinvestir.

Marc : Oui. Alors il y a quand même une chose importante parce que, il y a la connaissance, il y a tout.. Je vais quand même rappelé parce que c’est important quand tu parles de Award, etc. J’ai reçu plein de nominations ou j’ai reçu des prix et autres et ça m’amuse très fort. Mais il y en a une. Celle qui dont on a le plus parlé, c’était le manager de l’année. OK, on en a énormément parlé. Pourquoi?

Tarik : Parce que Eric Hollander s’était amusé avec moi. Il a fait ma campagne et ” votez pour lui, votez pour lui”. Et de fait, c’est moi qui ai le plus de voix. Mais ce n’est pas moi qui était manager de l’année parce que le comité a mis tout le monde à raison. Il ne peut pas être manager de l’année. Je ne respecte pas les règles. Si je dois donner cours, j’ai donné cours à l’Université du troisième âge.

Marc : C’est la plus belle chose que j’ai pu faire. C’est mieux que de donner cours à des enfants. Les enfants sont turbulents, les ados viennent par obligation et les étudiants parce qu’ils doivent avoir un diplôme à l’université. Le troisième âge. Ils viennent vraiment par plaisir, donc ils partagent et posent des questions. Moi, je peux partager ma passion. Mais par rapport au manageur de l’année, il a par obligation, il doit donner certaines conférences. Il doit donner certains cours aux étudiants, mais moi, le début de ma conférence ou de quoi que ce soit, c’est surtout ne respecter aucune règle.

Marc : Et encore maintenant, je dis la même chose. Rebondissez, vous allez vous prendre le retour en pleine gueule. Mais surtout ne respectez pas les règles. On va aller nulle part. Regardez, mon quartier aujourd’hui est quasi piétonnier. C’est une catastrophe, c’est une catastrophe. Pour l’instant, le chiffre est en progression alors qu’on devrait être en chute libre. C’est une catastrophe. Essayez d’accéder en voiture. Tarik, tu m’as dit que tu avais un vélo.

Marc : Je suis à moto parce que c’est la merde pour aller dans mon quartier. Je ne comprends pas comment les gens continuent à venir en voiture. Ils viennent. C’est un lieu de destination. Ça reste un lieu destination. Filigrane est aujourd’hui un vrai lieu de destination. Je me bats auprès de la Ville de Bruxelles pour avoir des animations pour Noël. Je suis le seul commerce dans ma rue. Je n’ai pas de braderie. J’ai rien, j’ai rien. Je suis tout seul.

Marc : C’est chaque fois moi qui dois tout organiser, tout payer. Mais là, maintenant que la rue est piétonnière, qu’est ce que ça va être Noël? Il n’y a pas de loupiote, ni rien du tout. Donc je vais devoir prendre sur moi pour animer cette rue.

Tarik : Encore une fois, c’est autrement dit, c’est montré qu’aujourd’hui… Je dis souvent: il faut être gratuit ou très cher. Où on ne peut plus se permettre de ne pas être exceptionnels. Ou il faut être une commodité, vraiment un truc, un sachet de frites. Ou alors il faut être exceptionnel. Une destination, comme tu le dis.

Marc : C’est un vrai lieu de destination, il n’y a pas de boulangerie. Il n’y a pas de poste, pas de pharmacie. Y’a rien.

Marc : Ça, ça m’amène à une question qui est… Bon, imaginons, tu recommences aujourd’hui. Sans ton nom, sans ton réseau, sans ton argent. Tu devrais ouvrir un commerce à Bruxelles aujourd’hui, fin 2019. Qu’est ce que tu fais et comment?

Marc : A mon âge, où on recommence l’histoire? Parce que l’âge est important, aussi..

Tarik : Tu as l’air encore forme..

Marc : Oui, mais si je n’ai rien, si je n’ai pas les fonds, les banques ne vont pas prêter à un vieux de 60 ans.

Tarik
OK, mais on s’en fout des banques.

Marc : Je n’ai pas de fonds, j’ai rien du tout.

Tarik : Si tu devrais réouvrir.. Disons, tu reviens 30 ans en arrière et si tu devais recommencer. Peu de moyens, pas ton nom, pas ton réseau. Comment tu ferais? Aujourd’hui, quand tu vois le Brussels d’aujourd’hui.

Marc : Quand je vois le Brussels d’aujourd’hui, j’irais voir quelqu’un comme GH que j’ai déjà été voir. Je parle des propriétaires immobiliers et je lui proposerais ce que je lui ai déjà proposé à lui ou à d’autres, d’investir ces espaces et de me laisser faire ce que je veux le temps qu’il loue son espace. Donc je viendrai avec différentes idées, mais surtout investir des lieux courus, des lieux pour lesquels les gens n’ont pas les moyens de louer, d’investir, de rentrer des dossiers. Mais de montrer qu’il y a du passage. De venir avec des idées. Je n’aurais pas le livre, je n’aurais rien. Il faudrait que je trouve différentes idées, mais les idées, il faut les prendre à tous les niveaux. Là, j’ai entendu qu’un jeune qui travaille avec son papa a approché Shake Shack, qui est pour moi la meilleure chaîne de Hamburger au monde pour ouvrir en France. Parce qu’ils ne sont même pas en France dans l’espoir de peut être ouvrir en Belgique. Je ferais la même chose.

Marc : J’approcherais quelque chose d’hyper branché et tout avec une volonté, une passion, avec des yeux qui brillent avec des idées neuves. Et ça ouvre toutes les portes encore aujourd’hui. Quand je vois certains, certains jeunes qui viennent avec des idées chez moi, on a plein, plein, plein de jeunes sociétés. Ceux que j’apprécie le plus, c’est tous ceux qui viennent maintenant avec leurs nouveaux aliments, nouvelles boissons à l’Espace café. C’est énorme, c’est énorme et ils sont organisés et ils sont heureux.

Marc : Le dernier qui est venu c’est des thés, je ne pourrais pas dire la marque. Je le dirais bien pour leur faire de la publicité. C’était il y a dix jours. Je croise un jeune avec son badge. Qu’est- ce que tu fais là? Je viens proposer mes produits et on les a accepté. Et on t’en a pris combien? 20! On en a pris 20 et il est heureux. Et puis, la fois d’après, il est revenu il y à quelques jours. On en a pris 40 et ils sont heureux.

Marc : Celui qui a proposé, si je me souviens bien, il a terminé des études d’ingénieur commercial. Un autre est avocat. Ils viennent avec des petites bouteilles qui leur apportent un euro la bouteille et ils sont heureux parce qu’ils savent qu’ils ont créé quelque chose et qu’ils vont aller plus loin. Donc moi, je suivrais leur exemple et je demanderais à la limite de les aider. Est ce que vous voulez l’aide d’un vieux, d’un vieux qui a un peu d’expérience. Si ce n’est que tu as dit que je n’aurais pas le nom, il n’y pas l’expérience et rien du tout. Alors laissez moi vous aider par plaisir. Voilà.

Tarik : Donc tu restes conforme, c’est aidé, partagé.

Marc : Ah oui. Ah oui.

Tarik : Etre dans un haut lieu de trafic, et y mettre de la convivialité.

Marc : Alors ça, c’est toujours. Que je sois dans une.. Quand je fais une queue. Quand les gens tirent la gueule au comptoir, je suis le premier à aller vers la personne et avec un petit sourire, vous allez nous aider? Tellement important. Il y en a peu qui font ça. Je ne parle pas que des fonctionnaires, je ne parle pas que des fonctionnaires. Quand on prend l’avion, quand on fait la queue pour entrer dans l’avion, l’hôtesse qui tire la gueule. Et ma petite vieille, on va passer une heure ou deux heures ensemble. Et ils rebondissent parce qu’ils savent très bien que c’est pas parce que le client est roi, mais que c’est nous qui avons raison. Il y en a peu qui osent faire sourire les gens, qui osent provoquer.

Marc : Tout à fait.

Elisa : On va terminer. Mais avant de terminer, on a quelques petites questions pour toi, alors tu ne dois surtout pas réfléchir et répond le plus brièvement possible.

Marc : Oui, mais il y a le joker. Moi, je donne toujours le joker.

Elisa : OK, bon. Un conseil que tu aurais aimé qu’on te donne?

Marc : Fonce, profite.

Tarik : Le cliché qu’il faut oublier à jamais sur la vie des auteurs.

Marc : Qu’ils font ça par plaisir.

Elisa : Une mauvaise habitude dont tu aimerais te débarasser.

Marc : Poser des questions sur la personne que j’ai en face de moi

Tarik : Le livre que tu aurais rêvé d’écrire.

Marc : Sois.

Elisa : Eh bien, c’est la fin de ce podcast. Merci pour votre écoute. On espère vous avoir inspiré. Merci Marc. Merci Tarik. N’hésitez pas à commenter, à nous donner votre avis. On se retrouve très vite pour un prochain épisode. Merci.

Tarik : Merci Elisa, merci Marc.

Marc : Merci vous deux.

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Tarik Hennen

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